RENTRÉE LITTÉRAIRE

L’HISTOIRE À L’ÉCRAN, DE BRUNO RAMIREZ (PUM/MCGILL-QUEEN’S)

« La fréquentation des salles de cinéma façonne davantage la culture historique du citoyen moyen que celle des salles de cours. » Le cuirassé Potemkine, Le retour de Martin Guerre… Professeur à l’Université de Montréal, l’historien Bruno Ramirez (La ruée vers le sud, Par monts et par vaux, au Boréal) met ici « en parallèle les représentations savantes de l’histoire et celles, “profanes”, que nous offrent les artisans du septième art ». En plus de l’essai, des entretiens avec des cinéastes qui se sont inspirés de l’histoire, dont Costa-Gavras (Z, L’aveu) et Denys Arcand (Québec : Duplessis et après, ONF, 1972, la télésérie Duplessis à Radio-Canada, 1978 et Le confort et l’indifférence, 1981). — Daniel Lemay

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LE NÉNUPHAR ET L’ARAIGNÉE, DE CLAIRE LEGENDRE (LES ALLUSIFS)

Claire Legendre, auteure française installée au Québec depuis quelques années, publie cet hiver un essai hautement autobiographique sur la peur. Elle utilise sa plume vive, son intelligence et son sens de l’humour pour décortiquer ce sentiment, son origine, ses symptômes et ses mécanismes psychologiques, physiques et sociaux. Petites tranches de vie, exemples imparables, voilà un livre qui permettra aux angoissés de faire sortir le méchant, et aux autres de comprendre un peu mieux ce qui se passe dans la tête de ceux qui ont peur de tout… — Josée Lapointe

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LE ROMAN SANS AVENTURE, D’ISABELLE DAUNAIS (BORÉAL)

Qu’est-ce qui fait que les romans de Gabrielle Roy, Réjean Ducharme ou Jacques Poulin ne sont presque pas lus en dehors du Canada français ? De quoi parlent ces livres et quelle est leur « vraie singularité » ? Spécialiste de l’art du roman, Isabelle Daunais pose ici des questions difficiles qui feront réfléchir ceux qui s’intéressent à cette littérature nationale qui, ses promoteurs s’en désolent, ne dépasse pas les frontières de ladite nation. « Lecture attentive, déprise des interprétations convenues », promet le communiqué en évoquant les grands noms de « notre patrimoine romanesque », d’Aubert de Gaspé à Marie-Claire Blais. — Daniel Lemay

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DÉPOSSESSION, DE L’IRIS (LUX)

Dans le temps de Duplessis, la province de Québec vendait le minerai de fer « une cenne la tonne » aux minières américaines auxquelles incombait toutefois, sans subventions ou crédits d’impôt, l’obligation d’aménager les infrastructures – routières, ferroviaires, portuaires – nécessaires à l’acheminement dudit « iron ore ». Soixante ans plus tard, qu’en est-il des « richesses naturelles » du Québec ? À qui profite l’exploitation de nos forêts, de nos mines ? Qui contrôle les réserves d’eau potable ? Sommes-nous vraiment « maîtres chez nous » ?, demandent, en évoquant la Révolution tranquille, les chercheurs de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques, organisme « indépendant et progressiste » qui aime ramer à contre-courant des élites. — Daniel Lemay

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LE PEUPLE ET L’OPIUM, DE NICOLAS LÉVESQUE (NOTA BENE)

Psychanalyste, essayiste, éditeur, Nicolas Lévesque est un écrivain multitâche qui surprend souvent par le choix de ses sujets. Après le très réussi Ce que dit l’écorce, un essai très personnel sur la peau écrit avec Catherine Mavrikakis, il propose cet hiver un livre sur la dépendance. Détournant la phrase de Karl Marx, il va jusqu’à affirmer que nos diverses dépendances (sucre, alcool, médicaments) finissent par nous anesthésier au point où l’on tolère davantage l’injustice et les abus de pouvoir. Audacieux et intrigant. — Josée Lapointe

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HONORÉ BEAUGRAND – LA PLUME ET L’ÉPÉE (1848-1906), DE JEAN-PHILIPPE WARREN (BORÉAL)

Le propriétaire du journal La Patrie – qu’il avait fondé en 1879 – croyait au droit des peuples de disposer d’eux-mêmes et ne se gênait pas pour dénoncer l’intervention des gens de l’Église dans les affaires de l’État. Maire de Montréal en 1885-1886, Honoré Beaugrand (1848-1906) souscrivait aussi à l’idée de l’école obligatoire et gratuite – devenue loi en 1943 – et à celle du suffrage universel. Le Québec de la fin du XIXe siècle, loin du repli et du mode survie, apparaît sous un jour nouveau dans cet ouvrage du sociologue Jean-Philippe Warren, professeur à Concordia à qui l’on doit notamment des ouvrages éclairants sur la Révolution tranquille et sur le peintre Paul-Émile Borduas. — Daniel Lemay

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RAYMOND GRAVEL, ENTRE LE DOUTE ET L’ESPOIR, DE CLAUDE GRAVEL (LIBRE EXPRESSION)

Adolescent arrivé seul en ville à la fin des années 60, il a gagné sa pitance comme prostitué. Devenu prêtre à 33 ans, il a créé maints remous par ses positions sur l’homosexualité et l’avortement, appuyant notamment Henry Morgentaler quand celui-ci a reçu l’Ordre du Canada en 2008. Raymond Gravel a été le premier prêtre québécois à entrer aux Communes quand les électeurs de la circonscription de Repentigny l’ont élu sous les couleurs du Bloc québécois en 2006. Dans l’année précédant sa mort, Raymond Gravel (1952-2014) s’est confié à Claude Gravel, ancien journaliste à La Presse et à Radio-Canada, qui raconte ici ce « parcours hors du commun ». — Daniel Lemay

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